Premier tour et puis s'en vont...

Publié le par M.T

Premier tour et puis s'en vont...

Bien. Dans quelques jours, on s’y recolle. Direction le bureau de vote. Entrée, attente, bonjour. On prend les bulletins. Pas tous, c’est pas nécessaire. On s’enferme dans l’isoloir et là, le cœur battant, on glisse son désir au creux d’une enveloppe bleu layette avec tout l’espoir qu’elle accouche de son poulain préféré.

Sauf que ça, ça ne marche pas pour tout le monde. Paraît-il que la moitié des français-zes n’a pas envie d’y aller. Les uns parce qu’ils ne savent toujours pas pour qui bat leur cœur. Les autres parce qu’ils n’en ont plus. Et les zau-zautres, parce que ça les gave et que c’est les vacances et que c’est tous des cons et que de toute façon on nous ment et que comme tout est décidé d’avance par une organisation occulte de pédophiles satyres mangeurs d’enfants assaisonnés à une migration dévastatrice qui devrait remplacer tous les cons par d’autres cons, ça ne donne pas envie.

Bref. Des élections présidentielles pas très folichonnes qu’on nous dit jouées d’avance depuis des semaines.

Mais en sommes-nous si sûr ?

Non parce qu’on le sait bien, les sondages, c’est comme remplir d’eau une passoire qui en remplit une autre, et puis une autre… C’est McKinsey, en moins rémunérateur (quoique…), mais ça ne nous donne pas forcément l’âge du Capitaine qui n’est de toute façon jamais le même !

Et j’en parle d’expérience. J’ai derrière moi l’âge de sept élections présidentielles. Ma première fut, pour moi, un coup de maître : François Mitterrand. Après, ça a moins marché. Mais j’ai toujours voté rose sauf en cette année tragique de 2002 où là, il m’a fallu, pour bouter l’extrême hors de nos champs élyséens, glisser dans l’urne un peu de cendre blanche.

Depuis, ma rositude a perdu de sa splendeur. Jospin et le camarade Hollande l’auront sacrifiée à l’aune, le premier de son arrogance, le second de ses atermoiements. Je suis pourtant restée gauche dans mes bottes et fière de mes convictions humanistes.

Mais ce n’est pas la campagne actuelle du PS qui lui redonnera toutes ses couleurs.

Je ne tirerai pas sur l’ambulance en incriminant la pauvre Hidalgo qui, comme Ségolène en son temps, a vu les caciques de son propre parti lui tourner le dos pour la regarder, goguenards et passifs, se noyer. Tout comme le nouveau siège du PS à Ivry qui, pour l’anecdote, est sur un terrain potentiellement inondable… Oui, ça ne s’invente pas

Non. On sait tous qu'Anne ne parviendra pas jusque là. Sauf qu’il va bien falloir voter pour quelqu’un au risque de se retrouver à la barre d’un bateau ivre.

Alors, pour nous de gauche et quelques centristes compatibles, il nous reste le multicarte Macron qui ne fera, si l’on en croit la rumeur, qu’une bouchée de la fille Le Pen, comme en son temps, le père fût terrassé par une armée de votants républicains.

En bref, pas d’inquiétude, c’est torché.

Mais encore une fois, en sommes-nous si sûr ?

Parce que moi, je vois se dessiner une autre tournure aux événements.

Et si nous avions un second tour Mélenchon – Le Pen ?

Ah ! ça en ferait bondir plus d’un. En premier les sondagiers et en second, ceux qui nous assurent depuis le début que c’est dans la poche.

Non parce qu’il monte l’hologrammé d’extrême-gauche. Et comme on m’a toujours appris que les extrêmes se rejoignent, pourquoi pas maintenant lors de ces élections ?

J’imagine la tête de tout le monde… LR et Pécresse le doigt coincé dans son Kärcher. Les Verts rouge de rage. Les roses en réanimation.  Quand LFI pourra se gargariser d’un « La République, c’est nous ! ».

Sauf que, qui dit second tour, dit alliances. Houps… Comment faire quand deux extrêmes sont dans la même balance ? A qui profitera donc le tir de barrage ?

Pour la successorale Le Pen, je ne me fais pas trop de soucis. Elle n’aura qu’à racler un peu chez le « fasciste, raciste, accusé d’agressions sexuelles » qui, renvoyé avec l’eau du bain, gazouillera toutes les compromissions. Et ratisser du côté de chez Dame Pécresse pour en extraire la partie Ciotti qui éclatera comme un comédon bien mûr. De ce côté là, l’affaire semble pliée.

Mais pour Mélenchon ? Où ira-t-il chercher ses voix manquantes ? Et par trop dissonantes. Le gaillard aura tant décrié ses adversaires comme ses proches alliés qu’il se retrouvera bien dépourvu quand la bise il eût fallu. C’est clair qu’à moins d’être frappé d’amnésie, on ne va pas lui tendre les bras ni même l’autre joue. Comment réunir pour réussir après une campagne orientée « « Moi d’abord -Tout sauf les autres » ?

Il va avoir du mal à nous convaincre le bougre.

N’oublions pas que Mélenchon aura refusé l’union des gauches. Ce qui ne l’a pas empêché d’apposer sur ses affiches le slogan « Union Populaire », un habile message subliminal pour nous faire prendre sa vessie pour une lanterne qui, vu son âge, ne doit pas éclairer bien loin. (Oui, je sais, c’est mesquin…) Mais c’est parce que je suis en rogne de voir ce triste sire accuser la terre entière de mentir alors que niveau mensonges, tambouilles et petits arrangements avec la morale, il est loin d’être le dernier de la classe. On peut même lui décerner un satisfecit. Alors oui, aller trouver de nouvelles voix dans une union de la gauche quand on a toujours méprisée, vilipendée voir ridiculisée, ça va pas être facile pour lui.

Où sont ses réserves ?

Chez les macronistes ? Il peut laisser tomber. On a déjà la moitié des députés qui veulent rentrer chez eux. Quant aux cadres, on y trouve trop de socialistes déçus qui lui en veulent grave. Et depuis longtemps. Peut-être peut-il trouver un peu d’aide chez les nostalgiques d’un Sarko flamboyant ? Sinon, c’est pulvérisés aux quatre coins de Paris qu’on va les retrouver, tous ces bulletins.

Chez Pécressou ? Pas mieux. Je vois plutôt ses partisans aller se prendre une bonne biture en consommant les dernières gouttes de leur descente aux enfers quand les plus sobres vont filer, tête baissée, glisser leur intention de vote sous la jupe de l’héritière du FN.

Mélenchon peut-il trouver de l’aide plus à gauche ? Le PCF ? Nathalie Arthaud ? Poutounou ? Quand bien même ils oublieraient les coups reçus, ça ne vaudrait pas tripette. Désolée de le dire, mais Mélenchon a déjà plutôt bien siphonné leurs tuyaux.

En cas de second tour Mélenchon-Le Pen, c’est donc la candidate de « M la France » - slogan qui, soit dit en passant, me fait plutôt penser à M le Maudit qu’à une opération « séduction » – qui tirerait bénéfice d’un tel casting. Parce qu’on a bien compris, à force de crier au loup, plus personne n’y croit. Plus personne n’a peur. Et ça ne chatouille plus grand monde d’aller caresser dans le sens du poil la « Bête Immonde » qui aura fait frémir nos jeunes années.

Résultat, au soir du dimanche 17 avril, Mélenchon ira se fracasser contre son plafond de verre dans lequel il pourra toujours continuer de se mirer quand la Marine recueillera les fruits de sa réserve nationale.

Je ne veux pas me faire peur mais, je ne sais pas pourquoi, une sale petite musique me dit que sur ce coup là, on a beaucoup à perdre… Un premier tour de tous les dangers…

Bon, pour me consoler, je vais me faire une petite Pizza Buitoni et la pousser avec un Kinder Surprise !

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