Joyeux Anniversaire !

Publié le par M.T

gateau bougies Un anniversaire, c’est toujours une joie, une fête, une célébration, celle de votre naissance, bien sûr mais aussi et bien souvent, le prétexte à un petit coup d’œil dans le rétroviseur de sa vie, pas forcément nostalgique, mais attentif et curieux des mois passés. C’est un début et une fin. Ou plutôt, devrai-je écrire, une fin pour un début. La fin d’une année, le commencement d’une autre, souvent dans la continuité comme un bail que l’on se renouvelle à soi-même mais parfois aussi, dans une syntaxe plus familière, d’une virgule faisant place au point, un paragraphe à un saut de ligne.

 

Cette année, mon anniversaire tombe un lundi. Je crois bien que je suis née un lundi, journée des merlans comme dit toujours ma mère, ancienne coiffeuse, jour de repos de la profession. Vous pensez que je ne voulais pas déranger alors ? Détrompez-vous ! J’ai pointé le museau à 3 heures du matin après avoir commencé à gesticuler en pleine nuit dominicale. Mon père, dans sa précipitation, mis ma mère dans la voiture et, sans téléphone portable à l’époque, se rua sans prévenir vers la clinique… fermée à cette heure tardive ! Il dut escalader les grilles et tambouriner à la porte d’admission pour attirer l’attention, enfin, d’une sage-femme revêche mais peu courageuse qui refusa tout net d’appeler le médecin accoucheur. Dame, à l’heure qu’il était, ma mère pouvait continuer ces contractions encore un bon moment et avoir la décence d’attendre le réveil du praticien et son café du matin. Je naquis donc sans aide médicale et, dans la surprise et le désordre général, passais directement du protecteur ventre maternel à la douche froide d’un évier, pendant qu’on m’étrillait au savon de Marseille. Ce fut sans aucun doute ce qui m’ouvrit les portes au goût des choses simples et naturelles car si je n’en fus pas malheureuse, je garde pour l’odeur du dit savon une tendresse toute particulière !

 

Donc aujourd’hui, vous l’aurez compris, c’est mon anniversaire. Pas de douche au savon noir, ma peau ayant depuis acquis des petits goûts de luxe qui lui font préférer l’odeur musquée d’un savon doux, mais plutôt une journée spectatrice de ses émotions, qui évite l’écueil de la nostalgie sans pour autant oublier, même s’ils sont mis de côté, les petits plus, les petits moins, les grands bonheurs et les tristesses, toute une musique de ma vie faite d’harmonies et de dissonances, piliers d’argile aux fondations de granit, soyeux soupirs pour de tumultueuses tempêtes.

 

Je suis plus et je suis moins, binaire, 0 et 1, de logiques et de paradoxes à parfois en perdre un latin que je n’ai jamais su apprendre. C’est mon sentiment du jour, bilan d’une année qui, sans être révélation, me donne plutôt la confirmation raisonnée de mes incohérences, de ma faculté à courir tout le long du spectre émotionnel, du positif au négatif, de l’envie à l’errance, du sourire à quelques larmes.

 

Oui, vraiment, cette année aura été celle où j’avoue, enfin, me contenter d’un rien tout en désirant toujours tout et plus, une manière de me souhaiter un bon anniversaire dans un grand écart improvisé en toute maîtrise !

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