Des convictions aux oeillères

Publié le par M.T

Des convictions aux oeillères

De minute en minute, la caravane se bloque, et les chiens galopent tous azimuths (J’aime bien ce mot azimuth… le « h » n’est pas nécessaire mais moi je préfère, c’est plus classe), bref et donc, c’est la pagaille la plus totale chez nos candidats.

Imaginez… Une première primaire, à droite, nous balance aux ornières un ex-président dont l’arrogance amnésique lui a laissé croire qu’ayant perdu face à un terne et consensuel adversaire, cinq ans plus tôt, il allait pouvoir prendre sa revanche et abattre d’un revers de pichenette, en seulement deux coups, le sage bordelais et l’inodore collaborateur. Et vlan, prend toi ça dans la tronche. Jeanne D’Arc est renvoyée à ses tricots de laine et autres parties de boules sudistes. Une semaine après, c’est au tour de l’élogieux modéré de se voir offrir un aller simple pour regagner ses terres viticoles. Et des trois, celui qui ne souriait jamais reste.

Puis, une primaire à gauche que décline avec prudence le président sortant et voit émerger, entre un tout juste ex-premier-ministre à la mâchoire si crispée qu’on lui offrirait bien une petite séance d’ostéopathie et l’initiateur d’un Redressement qui n’aura pas été très Productif pour lui, un jeune frondeur aux idées si subversives qu’il ferait passer, si on en croit son propre camp, Staline pour un succédané de Casimir. Mais lui non plus, notre candidat, ne souriait pas. Doit-on y voir un signe ?

On aurait pu s’arrêter là et assister à une campagne « normale » non sans batailles plus ou moins glorieuses mais qui nous aurait menés, bon an mal an, à une élection où l’alternance, en toute logique, serait sortie victorieuse. Seulement voilà, rien ne fonctionne comme prévu.

Fillon s’accroche comme un désespéré à un trône hypothétique qui s’éloigne de jour en jour, d’heure en heure (je ne sais même pas ce qu’il se passe pendant que je vous écris cela ni ce qui sera lorsque vous me lirez…). C’est l'histoire du type qui refuse de monter dans un canot de sauvetage persuadé qu’il est d’avoir conçu un navire insubmersible. Ca prend l’eau de tout bord, la poupe disparait déjà, ça fait des gros glouglous tout autour de lui mais le gars reste, imperturbable, stoïque, droit dans ses bottes qu’il ferait mieux d’enlever vite fait avant qu’elles ne se remplissent, elles aussi, d’un trop plein d’eau. Nous assistons à un « spectacle » assez unique mais qui fait froid dans le dos. Rien ne tient debout, il est le premier à le savoir, mais il résiste, envers et contre tout, quitte à se parjurer, à détruire une image de lui-même patiemment fabriquée, avec pour seul crédo, « Dieu reconnaîtra les siens »… Oui… Sauf que Dieu n'a jamais empêché les naufrages (ça se saurait) et que maintenant, notre homme est quasiment seul sur le navire qui coule refusant d'écouter tous ceux qui l’enjoignent à sauter et nager le plus loin possible avant d’être définitivement aspiré par les remous de ce Titanic politique en déroute.

Que se passe-t-il donc dans sa tête ? Arrogance ou bêtise ?

Est-ce la volonté de l’obscur, toujours le deuxième jamais le premier, dans l’ombre de ceux qui lui ordonnaient d’avaler sans rien dire toutes les couleuvres et pense avoir enfin trouvé la lumière qu'il ne peut y résister ? Se croit-il à ce point si proche d’une reconnaissance publique qui le laverait à jamais de toutes ces basses besognes auxquelles il aura été cantonné pendant toute sa carrière politique, attendant qu'on lui donne la place qu’il mérite, celle du chef ? Je ne sais pas mais je me doute que si près du but, quand les portes de la gloire s’entrouvrent enfin et que les trompettes de la renommées résonnent à plein, il doit être bien difficile d'y renoncer. Sauf qu'ici et comme dans la chanson, les trompettes de la renommée sont bien mal embouchées.

Voilà le constat...

Je compatis avec la détresse de l’homme mais je m’insurge que dans sa volonté désespérée de se maintenir, il entraine avec lui dans sa noyade une éthique suprême, celle du respect des institutions. Comment celui qui se présente à la plus distinctive des fonctions peut-il à ce point l’abaisser ? Comment peut-il penser sauver son honneur en le piétinant ? Comment peut-il nous demander de le croire quand il se parjure lui-même ?

Et ce ne sont pas ces effets de manche qui y changeront quoi que ce soit. Son programme se durcit, se sarkozyse mais rien n’y fait, ça prend l’eau quand même. Et plus dure sera la chute. Même s’il n’est pas le seul dans ce cas !

Tout près de lui, l’extrême droite se débat dans les mêmes eaux mais avec une différence majeure : elle, elle s’en fout. Le système Le Pen, c'est l'anti-système. Alors on peut bien les attaquer de toute part, eux, ça les fait rigoler. Dégagez, y’a rien à voir ! Le bateau peut couler, qu’est-ce que cela fait ? De toute façon, personne n’était monté dedans.

Et pendant ce temps qui courre, les discours des candidats sont inaudibles et passent dans la quasi indifférence générale. Seul compte de savoir quand le sarthois disparaîtra dans les eaux noires qu’il aura lui-même invoquées.

En fait, ce n'est pas du tout de cela dont je voulais parler ce matin, mais il fallait bien passer par là...

Je sais… les nouvelles ne sont pas très engageantes… Autre chose pour terminer ? Ah oui, super important, Aurélie et Arnaud, c’est fini !

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