Abus de pouvoir ou pouvoir de l’abus ?
Après son interpellation pour "organisation d'une manifestation non autorisée" à Paris le mercredi 2 janvier et suite à sa sortie de garde à vue, Éric Drouet clame à qui veut l’entendre qu’il aurait volontairement cherché à se faire arrêter afin de prouver « aux français qu’on était pas libres ». Donc, si je le suis bien, ce monsieur fait exprès de se mettre en condition d’enfreindre la loi, pour mieux s’indigner des conséquences juridiques (attendues) mais qu’il présente alors sous le jour d’une interpellation politique. Pour caricaturer, Éric Drouet c’est la mouche du coche qui pour mieux nous piquer, nous tourne autour à nous briser les nerfs mais s’indigne si on cherche à l’aplatir. Voici donc la nouvelle stratégie du gilet jaune : Aller au combat, à la confrontation, provoquer, narguer, inciter, aiguillonner, défier pour mieux s’indigner si il en subit les moindres représailles. Très fort ! Il fallait y penser. Pour éviter que le soufflé ne retombe, il faut continuer de battre les œufs.
Maintenant, revenons à cette notion étendard de liberté. De quoi monsieur Drouet veut-il être libre ?
Libre d’enfreindre la loi ? De convoquer des manifestants pour « choquer l’opinion » et dire après son interpellation, qu’ils allaient juste au restaurant ? D’accuser le gouvernement de ne rien entendre de ses revendications alors que le mouvement des gilets jaunes refuse d’en écouter la moindre parole ? Accuser encore « l’état de bafouer le droit » alors que depuis le début, ce mouvement ne s’organise qu’autour de démarches illégales ? (Manifestations non déclarées, occupation sans autorisation de l’espace public, violences, dégradations…). Pardon mais… La notion de liberté de monsieur Drouet semble bien fluctuante et surtout assez unilatérale. Moi, j'ai le droit de tout faire. L’État, rien. Est-ce que quelqu’un va enfin dire à ce monsieur Drouet que la liberté ne se cantonne pas à sa sphère personnelle mais qu’elle doit être partagée et égale pour tous ?
Car qui au final paye les vitupérations de cet aimable canari ? Je vous le donne en mille... Nous. Vous. Tous.
Alors peut-être est-il temps de faire entendre, gentiment, d'autres voix en indiquant, cordialement, d'autres voies. Nous qui ne sommes ni gilet jaune, ni ne sommes à la botte du gouvernement, mais voulons pour notre pays le progrès, la mise en place de réformes nécessaires, dans une justice sociale et la paix légitime que devraient nous garantir les élections républicaines (Présidentielle, législatives, municipales…), nous devons tirer le signal d'alarme. Et comprendre vers quoi nous nous dirigeons sans plus faire les autruches. Le risque de cet emportement anarchique (et pourtant dieu sait que le romantisme de l'anarchie a souvent abreuvé ma soif d'idéal) est de nous conduire tête baissée vers un déficit accru, une dette qui explose, et une fracture sociale que plus rien ne pourra réduire. Et pire, cette liberté si chère à monsieur Drouet nous sera alors vraiment retirée dans l'impossibilité que tout gouvernement, quel qu'il soit, sera de se faire respecter. Et le chaos nous engloutira. Et par chaos, j'entends le totalitarisme.
Il est temps de réagir. Nous avons à notre disposition des outils démocratiques et républicains qui nous protègent justement de toute dictature et il est remarquable de constater que ce sont principalement les extrêmes, droite comme gauche, qui en agitent la menace alors qu’ils en sont, à travers le monde, les principaux pourvoyeurs.
On ne construit pas sur des ruines. Cessons de vouloir opposer les mondes entre eux.
Car monsieur Drouet, je vous le dis, je ne veux pas de votre France violente et sectaire. Vous voulez plus de justice sociale ? Une meilleure vie ? Des protections accrues ? Alors battons-nous ensemble pour les obtenir mais dans un cadre légal et apaisé. Manifestez ! Vous en avez le droit. Créez votre parti ! Vous en avez la possibilité. Votez ! Et respectez les résultats. Mais ne nous imposez pas cette anarchie qui divise notre pays et ne se nourrit que de la haine de l’autre. Et par pitié, arrêtez d’opposer les « riches » aux « pauvres. La vie n’est pas aussi binaire. Voyez plus grand ! Voyez plus large ! Fédérez au lieu de segmenter !
Arrêtez de prendre ce « peuple » que vous semblez tant chérir pour un imbécile. Il vous en sera reconnaissant.